Le mouvement artistique n’a pas duré longtemps et n’a eu aucun adepte. Cependant, son existence a montré la profondeur de la crise culture européenne début du 20ème siècle et a conduit à une réévaluation des valeurs, à la recherche de nouvelles voies dans l'art.
Le terme « Dada » traduit du français au sens figuré signifie « discours de bébé incohérent ». Cela vient des Français. Dadapsme - cheval de bois. La proximité du sens du terme avec les thèmes pour enfants s'explique par le fait que la créativité des représentants de ce mouvement se réduisait parfois à de simples gribouillages sur une clôture, une combinaison d'objets aléatoires, etc. Le genre préféré des dadaïstes dans les beaux-arts est celui des autocollants (collage).
Histoire
Ce mouvement ne dura pas longtemps - quelques années seulement (de 1916 à 1922) et fut la réponse de l'intelligentsia encline à l'anarchie aux événements de la Première Guerre mondiale. Les dadaïstes croyaient que la guerre déchaîne toujours les instincts animaux chez une personne, lorsque la raison et la moralité passent au second plan et que l'irrationalisme et l'anti-esthétisme commencent à prévaloir. Ils considéraient la guerre comme une conséquence de la décomposition civilisation européenne.
Lajos Tihany « Portrait de Tristan Tzara » (1927)
poète roumain Tristan Tzara(Samuel Rosenstock ; 1896-1963) rassemble autour de lui un groupe international d'artistes à Zurich (Suisse) : écrivain, artiste, architecte Marcel Janco (1895-1973), sculpteur, artiste et poète alsacien Hans Arp (1888-1966), Les écrivains émigrés allemands Hugo Ball (1886-1927) et Richard Gulsenbeck (1892-1974), etc. Comme toute nouveauté, le mouvement s'étendit rapidement au-delà des frontières de la Suisse.
Les dadaïstes niaient toutes les lois de l’art, affirmaient la primauté de l’irrationnel, de l’inconscient et de l’intuitif et renversaient le rationalisme. Leur objectif était d’accélérer l’effondrement de la civilisation européenne. Ils sont allés si loin dans leur déni qu'ils ont même appelé à détruire tous les mécanismes de la parole humaine et à commencer dès le début de la formation du langage, lorsqu'il existait au niveau sons individuels(prélangue). Mais toute leur créativité se résumait au fait qu'ils combinaient arbitrairement des mots et des phrases dans la poésie ; en même temps, des cris, des sons de piano, de sifflets et de timbales retentissaient. Il est difficile de dire où la littérature était dans un tel chaos, non. travaux littéraires il n'en reste plus rien. Mais le pathétique du déni en attirait encore certains vers les dadaïstes.
Parmi les écrivains, il y avait André Breton(qui deviendra plus tard le fondateur du surréalisme), Louis Aragon, Philippe Soupault. Puis ils ont été rejoints par Paul Eluard, les artistes Pablo Picasso, Amedeo Modigliani, Vassily Kandinsky et d'autres.
Le philosophe allemand Walter Benjamin pensait que « les œuvres des dadaïstes étaient un divertissement puissant parce qu’elles transformaient une œuvre d’art au centre d’un scandale. Ils devaient avant tout répondre à une exigence : provoquer l’irritation du public… »
Mais le dadaïsme n’a pas régné longtemps sur les esprits – dans les années 20. en France, il s'est progressivement transformé en surréalisme ; en Allemagne - dans l'expressionnisme, l'art prolétarien, le pop art.
Représentants individuels du dadaïsme
Marcel Duchamp (1887-1968)
Artiste français et américain, théoricien de l'art, est à l'origine de Dada et du surréalisme. Son œuvre a influencé l'art de la seconde moitié du XXe siècle. (pop art, minimalisme, art conceptuel).
Marcel Duchamp "Fontaine"
Il aimait choquer le public en utilisant la méthode du « ready-made ». Par exemple, la célèbre « Fontaine » (1917). Il s'agit d'un urinoir ordinaire avec un autographe et une date. "Fontaine" est considérée comme une étape importante dans le mouvement artistique du 20e siècle. et est reconnu par les experts britanniques comme la plus grande œuvre de son époque (!).
Marcel Janko (1895-1984)
Artiste, architecte et écrivain israélien et roumain. L'un des fondateurs du dadaïsme. Fondateur du village d'artistes et sculpteurs d'Ein Hod près de Haïfa.
En Roumanie, Janko fonde le premier mouvement moderniste de ce pays, en publiant la revue Contimporanul de 1922 à 1932. Avec son frère, il conçoit des maisons, puis s'intéresse à la peinture.
Marcel Janko "Animaux Fantastiques"
Hannah Höch (1889-1978)
L’un des genres préférés des dadaïstes était le collage : des coupures de journaux, de magazines et d’affiches disposées au hasard. Les dadaïstes affichent un rejet du sens dans leurs œuvres en général et dans le collage en particulier. Bien sûr, cela n’a été qu’énoncé, mais en réalité le sens est toujours présent.
Un exemple classique de collage Dada est la célèbre création de la dadaïste allemande Hannah Höch « Cut couteau de cuisine" (1919-1920).
Le matériau à partir duquel le collage est réalisé est constitué de photographies de journaux des années 1919-1920. Exposé à la Première Foire Internationale Dada de Berlin, le tableau fait scandale. Elle est désormais perçue comme visionnaire : c'est une image épique du XXe siècle, et non seulement une énumération chaotique des événements de l'Allemagne (guerre, révolution, chute du régime du Kaiser, pauvreté, mécanisation, bureaucratie, etc.).
Le dadaïsme a donné naissance à plusieurs nouveaux mouvements : le surréalisme, l'abstractionnisme, le primitivisme et l'expressionnisme.
Dadaïstes célèbres
Le fondateur du mouvement, Tristan Tzara, a écrit de la poésie en roumain et en français. Ses œuvres sont du pur dadaïsme. Elles n’ont pratiquement aucun sens, mais sont absurdes. L'intrigue est basée sur l'alternance d'images métaphoriques, mais contrairement au futurisme, les poèmes ont une signification syntaxique et logique. L'associé de Tzara, Marcel Janko, était également originaire de Roumanie. Yanko a travaillé comme artiste et architecte. Il crée des toiles lumineuses avec un mélange de formes géométriques et de personnages abstraits. Janko a tenté de populariser le dadaïsme en France, mais a reçu un accueil plutôt froid de la part des critiques.De nombreux dadaïstes ont utilisé des déclarations politiques acerbes dans leurs œuvres.
L'artiste et poète Jean Arp est également à l'origine du dadaïsme. Dans ses peintures, il utilise des silhouettes biomorphiques inspirées des formes, ainsi que des taches de couleurs vives. Les poèmes d'Arp n'ont aucune signification logique, mais sont très émouvants. L'artiste français et américain Marcel Duchamp a participé activement aux actions et performances dadaïstes. Il aimait se transformer en diverses images, notamment. Les œuvres de Duchamp sont nées de choses toutes faites. Par exemple, il a présenté un urinoir avec une date et un autographe écrit dessus comme une sculpture « Fontaine ».
Le style Dada peut certainement être qualifié de précurseur du surréalisme. Comme beaucoup d'autres styles, Dada est né en réaction au Premier guerre mondiale. De nombreuses personnes ont alors été contraintes de fuir les territoires militaires vers la Suisse neutre. Resté sans patrie et ayant perdu directives de vie, les artistes Dada ont commencé à prêcher un anti-art dans lequel il n’y a ni moralité, ni logique, ni traditions. L'essence de l'expression de soi est devenue la provocation, la seule manière possible existence. Se sentant impuissants, ils conseillèrent de ne vivre que pour aujourd’hui, niant le lendemain. Sur le plan technique, le collage et ses variétés sont devenus la technique artistique la plus répandue.
- un mouvement littéraire et artistique d'avant-garde né pendant la Première Guerre mondiale en Suisse neutre, à Zurich (Cabaret Voltaire). Le style a existé de 1916 à 1922. L’essence du dadaïsme était une moquerie de la culture bourgeoise et un discrédit de la morale bourgeoise. L'initiative anarchiste d'un individu, étranger à quoi que ce soit, a été mise au premier plan. Vie courante et dans l'art. 
« Le dadaïste est la personne la plus libre au monde. » "Qui vit pour aujourd'hui- vit pour toujours." « Je suis contre tout système. Le système le plus acceptable est de n’avoir aucun système. Tels étaient les principaux slogans des dadaïstes. La révolte anarchiste contre tout était une conséquence de l’indignation et de l’impuissance sociale de la Bohême face aux horreurs de la guerre impérialiste et à ses conséquences sociales. 
Les premières figures du dadaïsme furent Tristan Tzara (poète, roumain), Richard Gulsenbeck (poète, allemand), Hugo Ball (organisateur des dadaïstes), Hans Arp (artiste, allemand), Marcel Janko (artiste, roumain). Tous ont été projetés hors des frontières de leur pays par la guerre, et tous étaient également imprégnés d'une haine enragée envers les gouvernements de leurs pays. Au début, le dadaïsme est apparu comme l’art du cabaret, puis il s’est étendu à la littérature et aux beaux-arts. 
Le terme dadaïsme a été inventé par le poète Tristan Tzara, qui a découvert le mot « Dada » dans un dictionnaire. Dans la langue de la tribu Kru Negro, cela signifie la queue d'une vache sacrée ; dans certaines régions d'Italie, c'est ainsi qu'on appelle la mère ; cela peut être une désignation pour un cheval de bois pour enfants ; double déclaration en russe et en roumain. Ce mot signifie également un babillage incohérent de bébé, qui est devenu l'expression la plus réussie de l'essence de tout le mouvement. 
Les activités des dadaïstes se sont déroulées sous des formes très diverses. Ils ont organisé des expositions choquantes, mis en scène des spectacles qui ont choqué le public bourgeois et organisé des festivals provocateurs. Les réfugiés en Suisse neutre s'amusaient d'abord simplement, puis montraient des grimaces de colère et très cyniques à l'égard de l'ensemble de la société à qui ils devaient la guerre qui les avait arrachés à leur patrie. Ils faisaient la même chose que dans leurs cafés-chantans et cabarets domestiques, sauf que les performances étaient beaucoup plus audacieuses. 
Dans les beaux-arts, la forme de créativité la plus courante des Dadaïstes était le collage - une technique technique permettant de créer une œuvre à partir de morceaux de matériaux divers : papier, tissu, etc. disposés d'une certaine manière et collés sur un support plat (toile, carton, papier). Dans le dadaïsme, on distingue trois branches de développement du collage : le collage aléatoire (Zurich), le collage de manifestation (Berlin) et le collage poétique (Cologne et Hanovre). 
A Zurich, les dadaïstes mettaient l'accent sur le caractère aléatoire du collage, l'arbitraire de la combinaison des éléments. Par exemple, Hans Arp a créé ses collages en versant au hasard des quadrilatères de papier coloré sur une feuille de carton et en les collant au fur et à mesure. Tristan Tzara a proposé de découper un journal en mots et de les sortir aveuglément d'un sac pour composer un poème (ainsi, l'utilisation du principe du collage n'est pas l'apanage des seuls beaux-arts, mais migre vers la poésie). 
Le collage des dadaïstes berlinois est multi-composants, visuellement riche et porte souvent une charge politique et protestataire prononcée. Le collage permet d'exprimer sous forme visuelle ce qui serait interdit par la censure s'il était dit verbalement. Le collage berlinois utilise activement des fragments de photographies. Les artistes s'appellent eux-mêmes « photomontages », établissant un parallèle avec les ouvriers de l'industrie. 
La troisième direction est de doter le collage de propriétés œuvre poétique- se réalise dans les œuvres de Cologne de Max Ernst, ainsi que dans les peintures Merz de Kurt Schwitters, qui a travaillé à Hanovre. Bien que le style de ces artistes soit différent, ils sont unis par le fait que tous deux comprennent le collage comme un phénomène proche de la poésie, comme une connexion de deux ou plusieurs réalités extraterrestres dans un environnement qui ne leur convient clairement pas, avec l'émergence d'un étincelle créative de leur connexion. 
Le dadaïsme s’est rapidement arrêté et est resté dans l’histoire comme un symbole social de son époque. Dans les années 1920, le dada français se confond avec le surréalisme, et en Allemagne avec l'expressionnisme. Les principaux artistes représentant le dadaïsme sont Hans Arp (Allemagne), Marcel Duchamp (France), Kurt Schwitters (Allemagne), Francis Picabia, Max Ernst (Allemagne), Man Ray (France), Marcel Janco (Roumanie), Hans Bellmer (Allemagne). ), Sophie Teuber-Arp (Suisse). 
Dadaïsme
Dadaïsme, ou Dada, - mouvement d'avant-garde en littérature, beaux-arts, théâtre et cinéma. Son origine remonte à la Première Guerre mondiale, en Suisse neutre, à Zurich (Cabaret Voltaire). A existé de 1916 à 1923.
Dans les années 1920, le dada français se confond avec le surréalisme, et en Allemagne avec l'expressionnisme. Certains théoriciens de l’art pensent que le postmodernisme trouve son origine dans le dadaïsme.
En février 1916, un groupe d'artistes, d'écrivains et tout simplement du public bohème se réunit dans un lieu appelé « Cabaret Voltaire ». Et bientôt apparut un mot, trouvé par hasard, qui ne signifiait rien en soi : le mot « dada ». Il peut y avoir plusieurs dates pour le début du dadaïsme. 1913, où Marcel Duchamp créa sa légendaire « Roue de vélo », ou 1917, où il inventa un truc avec un urinoir appelé « Fontaine », pourraient avoir le même droit au centenaire du dadaïsme.
Bien que le dadaïsme zurichois doive son émergence avant tout aux poètes et artistes germanophones, son contexte conceptuel était plus étroitement lié à art français et littérature - l'écrivain Raymond Roussel, le dramaturge Alfred Jarry, le compositeur Erik Satie, qui a utilisé techniques artistiques Oui oui. Ainsi, les origines de ce que nous appelons Dada ne sont pas entièrement nées en 1916, mais étaient le résultat absolument nécessaire et dans une certaine mesure logique des transformations de la culture de l’Europe occidentale. Contrairement aux surréalistes, les dadaïstes n’aimaient pas s’appuyer sur la tradition et s’élever au rang de certaines figures ou phénomènes.
En même temps, de nombreuses choses similaires se produisaient dans le monde. En 1915, lorsque Duchamp s'installe à New York pour échapper à la guerre et à la conscription et y rencontre Man Ray, il n'y a pas encore de Dada à Zurich. Hugo Ball venait de quitter l'Allemagne pour s'installer en Suisse, fuyant la guerre. Dans le même temps, le futurisme russe continue de se développer - l'anti-opéra « Victoire sur le soleil », les activités artistiques et d'exposition de Larionov, « le tout » de Zdanevich, en 1915 une exposition intitulée « 1915 » s'ouvre à Moscou, au ouverture dont le poète Vasily Kamensky a marché avec des souris vivantes et a frappé la poêle à frire, et Maïakovski, à en juger par ses souvenirs, a éteint un demi-cylindre... Vous pouvez vous souvenir de bien d'autres choses qui ne rentrent pas seulement dans le cadre du futurisme. Beaucoup de techniques, par exemple le geste pur ou la performance, surgissent spontanément dans le futurisme russe, puis nous voyons quelque chose de très proche dans le dadaïsme, déjà, pour ainsi dire, institutionnalisé.
1916 est une date conventionnelle. Lorsque la première soirée du poète et dramaturge Hugo Ball, Emmy Hannings - sa petite amie, danseuse et poétesse - et Hans Arp, a eu lieu le 2 février au Cabaret Voltaire, ils ne se considéraient pas comme un groupe à part. Ils sont devenus dadaïstes et ont reçu ce nom grâce à Tristan Tzara, qui a ajouté la terminaison « -isme » au mot « Dada » trouvé avec succès par Ball et a fait de leur groupe un mouvement. Au départ, il s'agissait de créer une communauté internationale à Zurich. Des gens créatifs qui ne voulait pas se laisser entraîner dans la politique, qui combinerait des traditions artistiques, des styles, des approches et des travestissements complètement différents, carnavaliserait art moderne. Ils ne voulaient absolument pas être un autre nouveau mouvement, un autre « -isme ».
"Cabaret Voltaire"
Le Cabaret Voltaire n'est ni un café littéraire ni un salon. C'est une brasserie, un petit restaurant où l'intelligentsia ne se réunissait pas du tout - les gens y venaient des gens ordinaires et j'ai vu que diverses œuvres étaient accrochées aux murs : Marcel Janco, Arthur Segal, et en même temps Picasso et Kandinsky. Le choix d’une brasserie ne peut pas être considéré comme une stratégie délibérée de la part d’Hugo Ball, mais la décision s’est avérée très symbolique. Le fait que les artistes ne se réunissaient pas dans un salon, ni dans une galerie, mais dans un lieu très ordinaire, était une parodie de l'idée même de l'art, une sorte de défi, mais à cette époque ils ne le comprenaient pas comme un défi. Ils ont simplement convenu avec le propriétaire de cet établissement qu'ils lui construiraient une billetterie, poseraient des affiches, amèneraient leur public et des spectacles sur scène avec lecture, musique, etc.
Les dadaïstes y sont restés trois mois, puis le cabaret a fermé ses portes. A cette époque, il ne s’agissait pas d’un précédent artistique ; la découverte de Dada fut retardée d’un demi-siècle, malgré les efforts de Tristan Tzara. Contrairement au futurisme, au surréalisme et au constructivisme, la véritable découverte du dadaïsme a lieu après la Seconde Guerre mondiale. Cela est dû en grande partie au fait que ce phénomène était extrêmement difficile à intégrer dans un cadre quelconque, car il survenait de manière sporadique, sans programmation. Et, plus important encore, comme l’ont écrit tous les dadaïstes, le programme du dadaïsme était de ne pas avoir de programme. C'est paradoxal : lorsqu'un dadaïste dit que le meilleur dadaïste est un adversaire du dadaïsme. C’est une situation paradoxale qui vous met dans une position délicate, une position apolitique. Quand tous les autres mouvements se sont affirmés, Dada s’est renié. Comme l'a écrit Maïakovski, « dada qui affirme tout et qui nie tout » - et c'était un jeu de sens, car « dada » en russe signifie affirmation.
origine du nom
Tout un genre dans la littérature dadaïste s’est développé autour de l’origine du mot « Dada ». C'est drôle parce que le mot lui-même ne devrait rien dire. Après le départ d'Hugo Ball du mouvement pour s'installer à Ascona en 1917 et rompre avec le passé dadaïste, Tristan Tzara prend la place du leader suisse puis parisien de Dada. Il était extrêmement important pour lui d’assurer sa primauté, et il était écrit dans la littérature qu’il avait inventé le terme « dada ». Dans son manifeste de 1918, Tzara écrit à propos de différentes significations de ce mot : en roumain cela signifie affirmation, ailleurs cela signifie la queue d'une vache sacrée, en allemand cela signifie un cheval de bois pour enfants. Tzara dit que Dada est un retour à l'état originel, un certain infantilisme, une remise à zéro. Plus tard, il s'est avéré que Tristan Tzara et Hugo Ball se disputaient pour savoir lequel d'entre eux, en feuilletant le dictionnaire Larousse, était tombé par hasard sur ce mot étrange « dada ». Il est important qu’ils aient ainsi absolutisé le hasard et la nature gestuelle.
Après l'arrivée à Zurich des Roumains Tristan Tzara, Marcel Janco et son frère Georges, rejoints par Richard Huelsenbeck, il fut décidé de publier un almanach. Le premier et unique numéro qu'ils publient s'intitule « Cabaret Voltaire ». C'était un défi pour la communauté artistique : d'un côté, le cabaret est quelque chose de rue, de prosaïque et de réduit ; d'autre part, Voltaire est une figure des Lumières, et l'héritage des Lumières a été terriblement lourd pour les dadaïstes ; ils ont rompu avec tous ses idéaux, notamment avec l'idée de progrès. En fait, ils étaient le résultat de la crise de cet idéal de progrès des Lumières. En même temps, Voltaire est une figure critique qui remet beaucoup de choses en question et en ce sens se rapproche en esprit du dadaïsme.
Un grand nombre de personnes, intellectuels divers : philosophes, psychologues, écrivains, etc., se sont retrouvés dans l'orbite du surréalisme. En ce sens, le dadaïsme semble à la fois plus simple et plus complexe. Il y avait plusieurs foyers de dadaïsme, mais l'esprit dadaïste s'est répandu dans de nombreux phénomènes. vie artistique, pour de nombreuses figures et postes créatifs. Cette influence est perceptible dans le constructivisme d’Europe occidentale : l’écho de Dada s’est révélé très puissant. La continuité du dadaïsme, des idées anti-Lumières et de gauche de la seconde moitié du XXe siècle est devenue possible grâce au rôle de liaison du surréalisme. Le surréalisme a absorbé presque tous les gestes trouvés par Dada, à l'exception de l'attention portée à la psychanalyse et à la psychologie caractéristique de ce mouvement, tandis que Dada s'opposait de toutes les manières possibles au théoricien. Une part importante de l’art moderne remonte à l’expérience Dada.
Dada à Berlin (1981-1920)
En 1917, un groupe de dadaïstes fut organisé à Berlin, dirigé par Gulsenbeck. Les activités de ce groupe avaient une orientation sociale-critique et antimilitariste prononcée, puisqu'il était principalement composé d'artistes prenant position de confrontation ouverte envers les autorités - Georg Grosz, John Heartfield, Hana Höch, Johannes Baader. Les principaux moyens d'expression artistique étaient le pamphlet, l'affiche politique, la caricature, le photomontage et le tract, dans lesquels les idées communistes et anarchistes supplantaient l'esprit spontané de déni du groupe zurichois.
Dada à Hanovre (1919 – 1923)
Le mouvement à Hanovre est associé exclusivement aux activités du Néerlandais Kurt Schwitters, auteur et créateur d'œuvres commerciales insolites. Affirmant que les frontières entre les types dans l'art moderne s'estompent, ce qui conduit à leur disparition complète, Schwitters a avancé le concept de « Merz » comme principe unique dans l'art, libérant l'artiste de toutes les entraves et le conduisant à la création créative.
Dada à Cologne (1919-1922)
Les figures clés du groupe de Cologne, qui ont façonné son identité unique, sont les artistes Max Ernst et Jean Arp. La forme principale de leur activité était constituée de spectacles mis en scène selon le modèle zurichois et d'expositions. En 1920 eut lieu l'exposition la plus scandaleuse de l'histoire Dada, dont les locaux n'étaient accessibles que par les toilettes pour hommes du café. Au centre de la salle se tenait une jeune fille vêtue de vêtements bibliques et lisant des poèmes obscènes, et les spectateurs pouvaient détruire les objets exposés en les regardant, ce qui correspondait au concept de Dada, qui nie la valeur de l'art.
Dada à New York (1913-1921)
L’histoire du Dada américain a commencé avec la tristement célèbre exposition Armory Show de 1913, qui présentait des œuvres des maîtres européens Marcel Duchamp et Francis Picabia.
Picabia a créé des designs fantastiques, dont les noms et l'apparence biomécanique étaient à la fois un hymne et une condamnation de la société industrielle. Ses œuvres ont eu une influence significative sur J. Arp et M. Ernst.
Duchamp est devenu célèbre comme l'auteur du concept de « ready made » (objets prêts à l'emploi) - objets industriels et de production, transformés par la volonté artistique en œuvres d'art. Cette théorie a clairement montré que l’art est une idée qui peut être contenue dans un objet fini, et pas seulement dans celui créé par un artiste ou un sculpteur.
Dada à Paris (1919-1924)
En 1919, Duchamp et Picabia rencontrent Tzara et s'installent ensemble à Paris, où ils rejoignent un groupe de jeunes poètes et artistes rassemblés autour d'André Breton. Période parisienne 1920-1922 est devenu l'époque d'un nouvel apogée du dadaïsme - encore une fois avec toutes sortes de performances bruyantes, d'expositions, de proclamations de divers types de déclarations et de manifestes. Cependant, un conflit couvait au sein du groupe : Breton et ses partisans ne se contentaient plus du scandale pour le scandale et de l'esprit de déni général. Un projet de création d'une nouvelle association avec des tâches spécifiques et une perspective claire mûrissait dans sa tête. En 1923, une rupture définitive se produit, conduisant à l'émergence d'une nouvelle direction : le surréalisme. Le dadaïsme a été contraint de passer au second plan et de quitter progressivement l’arène artistique.
Œuvres emblématiques
Ici, c'est Stieglitz, Francis Picabia
Picabia était un artiste français qui partageait de nombreuses idées du dadaïsme et en proclamait même certaines lui-même. Il alla volontiers à l'encontre de la tradition et tout au long de ses 45 ans vie créative inventé de nouvelles façons de travailler. Au début de sa carrière, Picabia travaille en étroite collaboration avec Alfred Stieglitz, qui organise sa première exposition personnelle à New York. Pourtant, en 1915, l’artiste peint ce « portrait » mécanique, dans lequel la critique de Stieglitz est clairement visible : Picabia le représente sous la forme d’un vieil appareil photo cassé, réglé au point mort de la boîte de vitesses et du levier de frein. Tous ces détails, comme le mot « Idéal » écrit en écriture gothique, symbolisent les valeurs dépassées de l’art du passé et le caractère démodé de Stieglitz lui-même. Le dessin, dédié au célèbre photographe, fait partie de la série de portraits mécaniques de Picabia, même si l'artiste lui-même n'est pas un grand fan du progrès.
Fontaine, Marcel Duchamp
Marcel Duchamp est devenu le premier artiste à utiliser les ready-made dans son travail. Et le sujet choisi pour la première œuvre de ce type est devenu une sorte de défi et de provocation non seulement pour les critiques et les spectateurs, mais même pour ses confrères artistes. L'intervention artistique de Duchamp a été ici minime : il a simplement retourné l'urinoir et l'a signé d'un nom fictif. En retirant cet objet de son environnement habituel et en le plaçant dans un environnement artistique, Duchamp questionne la définition même de l'art et le rôle de l'artiste dans la création d'objets d'art. L'audace sans compromis de cette œuvre a fait d'elle une sorte d'icône Dada, dont l'une des principales valeurs était la plus grande irrévérence envers traditions artistiques. La Fontaine a eu une énorme influence sur les artistes du XXe siècle, notamment Jeff Koons, Robert Rauschenberg et Damien Hirst.
Sans titre (Carrés disposés selon les lois du hasard), Jean Arp
Cette œuvre s'inscrit dans une série de collages de Jean Arp dont il s'est appuyé sur le hasard pour la création. L'artiste a découpé des carrés de couleurs contrastées dans du papier, puis les a déposés sur une grande feuille de papier et les a collés exactement là où ils tombaient. Le résultat était toujours imprévisible, comme la bonne aventure chinoise avec des pièces de monnaie. Très probablement, la raison de l'émergence de cette technique était la déception d'Arp face aux méthodes traditionnelles de création. motifs géométriques. Les collages d'Arp sont devenus une illustration claire de l'un des principaux objectifs du dadaïsme en tant qu'« anti-art » : s'appuyer sur le hasard, remettant en question les méthodes traditionnelles de création d'objets d'art.
Esprit de notre temps, Raoul Hausmann
Cet assemblage était destiné à refléter la déception d'Hausmann à l'égard du gouvernement allemand et son incapacité à apporter les changements nécessaires pour créer meilleur pays. Il s'agit d'une illustration ironique et sculpturale de la conviction de Houseman selon laquelle le membre moyen de la société « n'a pas plus d'opportunités que celui dont le destin est collé à l'extérieur de son crâne ; son cerveau reste vide. Dans son travail, Houseman a utilisé le mannequin du chapelier comme symbole d'un imbécile qui ne peut expérimenter que ce qui peut être mesuré mécaniquement. Pour ce faire, divers outils sont attachés à sa tête : une règle, un mètre ruban, une montre de poche, une boîte avec une molette de machine à écrire, des poignées d'appareil photo en laiton, une tasse télescopique trouée et un vieux portefeuille.
Rossignol chinois, Max Ernst
En 1919-1920, Max Ernst réalise une série de collages utilisant le photomontage. Ils représentaient d’étranges créatures hybrides, « collées ensemble » à partir d’images équipement militaire, membres humains et divers accessoires. Il combina les éléments redoutables des armes avec des parties plus douces et donna à ses œuvres titres lyriques. Ces travaux avaient certainement une signification particulière pour Ernst, blessé pendant la guerre à cause du recul des armes à feu. Dans « The Chinese Nightingale », par exemple, l’artiste a utilisé une bombe anglaise comme corps d’une créature inconnue, en la complétant avec les bras et l’éventail d’une danseuse orientale. Il a placé un œil sur le support de la bombe, le transformant en l'image d'un étrange oiseau.
Radiographie, Man Ray
Man Ray était un photographe américain qui a passé la majeure partie de sa vie créative à Paris. Dans les années 1920, il commence ses expériences photographiques, qu'il appelle « rayographes ». Il a placé divers objets sur du papier photographique puis les a exposés à la lumière. Les photographies ont laissé une « empreinte » fantomatique des objets, complètement différente de toute autre image d’eux. La première de ces photographies, dans la meilleure tradition du dadaïsme, a été prise par hasard. Et tandis que d’autres dadaïstes exploraient les limites du possible en peinture et en sculpture, Man Ray faisait de même en photographie. Grâce à lui, elle a cessé d'être le reflet de la réalité.
Dadaïsme en poésie
André Breton (1896-1966)
Extrait du livre « Le revolver aux cheveux gris » (1932)
Homme et femme complètement blancs
Je vois des prostituées magiques cachées sous des parapluies
Leurs robes couleur bois étaient légèrement jaunies par la lanterne.
Ils marchent et des chiffons de papier peint pendent à proximité
On a mal au cœur quand on regarde cette maison délabrée.
Sur un lavabo en marbre blanc tombé de la cheminée
Aux vagues chaînes de choses dans les miroirs debout derrière eux
Le quartier où ils errent prend le relais
Le grand instinct de combustion
Ce sont comme des fleurs roussies
Leur regard lointain fouette les pierres comme un tourbillon
Mais eux-mêmes restent immobiles et disparaissent
Au coeur de cette tornade
Pour moi rien n'est comparable au sens de leurs pensées langoureuses
Avec la fraîcheur du ruisseau où ils trempent l'ombre de leurs nez pointus
La densité des lambeaux de foin volants les éclipsait et les cachait aux regards.
Je vois leurs seins comme les dernières gouttes de soleil dans l'obscurité profonde
Ils tombent et montent et ce rythme est le seul
La mesure exacte de la vie
Je vois leurs seins et ce sont des stars
Se balancer sur les vagues
Leurs seins à l'intérieur desquels le bleu invisible pleure toujours
Traduction de Mark Greenberg
Louis Aragon (1897-1982)
Extrait du livre « Le but de la poésie » (1925-1926)
Bonne bière de mars
Jean Bernier
Dans les forêts de Suresnes
Il y avait une sirène
Le portrait craché de papa
Ministère des finances
Monstre ministre
Et stupide comme un bouchon
Mais ton cul
Un tel cul
Papa avec un dossier
Fille avec le cul
Dans les forêts de Suresnes
Il y avait une sirène
Le portrait craché de papa
Ministère des finances
Dans un joli chalet je t'adore
Je tremble sous la chaleur d'un baiser
Te respecter
Dans les forêts de Suresnes
Il y avait une sirène
Le portrait craché de papa
Ministère des finances
Traduction par Elena Berezina
Robert Desnos (1900-1945)
Extrait du livre « Langue coiffée » (1923)
Vent de nuit
Dans la mer de la mer, les perdus disparaissent
Les morts meurent en poursuivant les rangers
Ils dansent en rond.
Dieu divin ! Des humains !
Je vais m'écraser le cerveau
palper avec dix doigts à la fois -
Quelle terrible horreur !
Mais les cheveux teints des beautés sont en excellent état.
ciel céleste
Terre terrestre
Mais où sont les terres célestes ?
Traduction par Alina Popova
Benjamin Péret (1899-1959)
Extrait du livre « Caché dans l'affaire » (1934)
Un millier de fois
Parmi les ruines dorées d'une usine à gaz
tu trouveras une barre de chocolat et elle te fera chier
mais si tu cours aussi vite qu'un pot d'aspirine
le chocolat t'emmènera loin
Elle changera le paysage environnant
comme une chaussure trouée
qui est recouvert d'un manteau de voyage
pour ne pas effrayer les passants avec le spectacle de la nudité
ça fait claquer des dents dans des boîtes de poudre de riz
et les feuilles tombent des arbres comme des cheminées d'usine
Et le train passe devant une gare ordinaire sans s'arrêter
parce qu'il ne veut pas encore boire ni manger
parce qu'il pleut dehors et qu'il n'a pas de parapluie
parce que les vaches ne sont pas encore revenues
parce que la route est mouvementée et il a peur
rencontrer des voleurs ivres ou des policiers méchants
Si seulement les hirondelles faisaient la queue à la porte de la cuisine
entrer dans le rôti
si l'eau refusait d'être mélangée au vin
et j'aurais quelques francs
Ce serait enfin quelque chose de nouveau dans ce monde
puis les gendarmes s'extasiaient avec les petits pains à roulettes
caserne
et il y aurait un jardin à barbe et les moineaux s'y reproduiraient
vers à soie
et serait dans ma paume
petite lampe de poche froide
doré comme un œuf dans une assiette
et si léger que mes semelles flottaient que les vôtres
faux nez
et puis le fond de la mer se transformerait en cabine téléphonique
d'où personne n'appelle jamais personne.
Traduction par Alina Popova
Ah oui oui
- Dada n'est pas école d'art, mais un signal d'alarme contre la destruction des valeurs, contre la routine et la spéculation, un appel désespéré dans l'intérêt de tous les types et formes d'art à une base créative à l'aide de laquelle une conscience nouvelle et universelle de l'art doit être construite (Hans Richter).
- Dada est un esprit anticonformiste qui existe à tout moment et à chaque époque, car l'homme est l'homme (Marcel Duchamp).
- L’art est mort depuis longtemps. Ma créativité médiocre est une barbe qui pousse sur le visage d'un cadavre. Les dadaïstes se régalent de vers, c’est notre principale différence (Ilya Zdanevich).
- Ce que nous appelons dada est le jeu des bagatelles du bouffon, dans lequel sont impliquées des questions de plus en plus élevées (Hugo Ball).
- C'est bien que tu ne puisses pas et ne devrais probablement pas comprendre papa (Richard Huelsenbeck).
- La question « qu’est-ce que Dada ? - médiocre et écolier... Dada ne peut pas être compris. Dada doit être expérimenté (Richard Huelsenbeck).
Points clés
- Le dadaïsme a été le premier mouvement d’art conceptuel dont les représentants ne se sont pas concentrés sur la création d’objets esthétiques. Leur objectif était de renverser la morale bourgeoise, ce qui a donné lieu à de nombreuses problèmes complexes sur la société, le rôle de l'artiste et la finalité de l'art.
- Les représentants du dadaïsme étaient tellement opposés à toute manifestation de la culture bourgeoise qu'ils ne les aimaient même pas particulièrement eux-mêmes. "Dada est anti-Dada"- ils ont crié. Le fait que le groupe ait été créé au Cabaret Voltaire à Zurich revêt une importance particulière. Cet établissement doit son nom au satiriste du XVIIIe siècle qui, dans son célèbre ouvrage « Candide », ridiculisait la bêtise de la société contemporaine. Comme l’a écrit Hugo Ball, l’un des fondateurs du cabaret et du dadaïsme, « le dadaïsme est le candide de notre temps ».
- Des artistes comme Jean Arp pensaient qu'il était très important de laisser au hasard une partie de l'exécution de leur œuvre. Cette approche était contraire à toutes les normes de création d’œuvres d’art, où chaque œuvre devait être soigneusement planifiée et réalisée. L’introduction d’un élément de hasard était l’une des formes de protestation des dadaïstes contre les canons traditionnels de l’art, ainsi que leur tentative de trouver une réponse à la question du rôle de l’artiste dans le processus créatif.
- Entre autres choses, les dadaïstes sont connus pour leur utilisation de ce qu'on appelle les « ready-mades » – des objets du quotidien qui peuvent être achetés et présentés comme une œuvre d'art avec une intervention minimale de l'artiste. L’utilisation des ready-made a soulevé des questions sur la créativité artistique, la définition même de ce qui peut être considéré comme de l’art et sa finalité dans la société.
Vidéo
Dadaïsme (dadaisme français, de dada - "cheval", cheval de bois ; au sens figuré - discours de bébé incohérent) - mouvement d'avant-garde en art et littérature Europe de l'Ouest, qui s'est développé à l'origine à Zurich, en Suisse, et s'est développé de 1916 à 1922. Le fondateur du mouvement est le poète suisse, roumain d'origine Tristan Tzara (Tzara, Tristan Tzara, de son vrai nom - Sami Rosenstock, 1896-1963). Les origines de Dada remontent au Cabaret Voltaire, ouvert à Zurich en 1916. Dans ce café, où les dadaïstes mettaient en scène des pièces de théâtre et soirées musicales. La revue dadaïste s'appelait aussi « Cabaret Voltaire » (« Cabaret Voltaire », 1916-17). Le 14 juillet 1916, le « Manifeste de M. Antipirin », premier manifeste du dadaïsme, est annoncé à Zurich. Son auteur est Tristan Tzara.
T. Tzara : « Tout dérivé du dégoût qui peut devenir une négation de la famille est Dada ; protester en utilisant pleinement les poings dans un souci de destruction - Dada ; connaissance de tous les moyens jusqu'alors rejetés par le sexe modeste au nom des compromis confortables et des bonnes manières - Dada ; abolition de la logique, cette danse des impuissants incapables de créer - Dada ; l'abolition de toute hiérarchie sociale et l'égalité proclamée au nom des valeurs de nos serviteurs - Dada ; chaque chose et toutes choses en général, les sentiments, les inconnues, les visions, la collision incontestable de lignes parallèles est une arme de lutte et - Dada ; annulation de mémoire - Dada ; abolition de l'archéologie - Dada ; élimination des prophètes - Dada ; abolition du futur - Dada ; une foi totale et imprudente en un dieu qui est le produit direct de la spontanéité – Dada. (« Manifeste », 1918)
Formé à Zurich, Dada s'étend ensuite en Allemagne : groupes à Berlin (Dada Berlin, 1917-20), Cologne (1918-20) et Hanovre (1919) ; dans d'autres villes européennes et à New York ; Les « pays Dada » comprennent également la Hollande, la Russie, l’Italie et le Japon. Cependant, le dadaïsme était plus actif et significatif à Zurich et à Berlin (le groupe berlinois est appelé « dadaïsme politique » en raison de la nature de la protestation anarchiste contre le militarisme et le système bourgeois).
Le mot "dada" n'a aucun sens ou a plusieurs significations différentes à la fois - c'est la queue d'une vache sacrée, et un cheval de bois pour enfants, et un bébé qui babille, et autre chose. Selon une version, le nom de la direction aurait été emprunté à un dictionnaire ouvert au hasard. Selon une autre version, le mot « dada » était connu à Zurich avant 1914 comme nom de la série de cosmétiques de la société « Bergmann & Co ». Très probablement, « papa » est un mot qui soit ne veut rien dire du tout (« vide », manque de sens), soit imite des « paroles de bébé » incohérentes.
Fondateurs du mouvement : Hugo Ball, Tristan Tzara, Richard Huelsenbeck, E. Hennings, H. Arp, M. Janko et autres. Dadaïsme berlinois : R. Huelsenbeck, F. Jung, R. Hausmann, Johannes Baader, W. Herzfelde, J. Hartfield, G. Gross et autres Après la guerre, le groupe dadaïste se sépare. En 1919, Tzara s'installe en France et dirige ce qu'on appelle le groupe. dadaïstes absolus (André Breton, les premiers Louis Aragon et Paul Eluard, J. Ribmont-Dessaignes, etc.), qui publia l'almanach « Dada » et les revues « Littérature », « Proverbe », « Cannibal » (« Cannibale »), etc. ; le groupe défendait l’art « absolu », dépourvu de fonction sociale.
Le « virus Dada » a infecté tout l’art de l’époque : cinéma, musique, théâtre. C’était une véritable « terreur de l’esprit ».
Le sens du dadaïsme est déni, destruction, destruction, rébellion, tout dans le dadaïsme est protestation et anarchie, les dadaïstes n'avaient même pas de programme clairement pensé. Les dadaïstes sont devenus plus célèbres pour leur hooliganisme quotidien et artistique, leurs pitreries scandaleuses et extravagantes, leurs slogans et leur comportement choquant, et seulement alors textes littéraires. Par exemple, lors de leurs expositions, les dadaïstes offraient au spectateur une hache avec laquelle il pouvait exprimer ses préférences. Les dadaïstes cherchaient à rompre complètement avec toute idéologie et réalité en tant que telles, les amenant jusqu'à l'absurdité, et ils luttèrent contre la société à l'aide d'une révolution du langage. Autrement dit, en détruisant la langue, ils ont détruit la société. T. Tzara : « Je détruis les cellules du cerveau et les cellules de l'organisation sociale. » Les œuvres des dadaïstes sont conçues pour choquer et représentent une combinaison irrationnelle et anarchique de mots et de sons, qui à première vue semble dénuée de sens. Une des techniques : un mot sort de son contexte habituel et entre dans de nouveaux contextes. Les « recettes » pour produire des textes dadaïstes sont approximativement les suivantes : ironie, érotisme, « humour noir », un mélange d'inconscient et d'attitude sociologique (en règle générale, chez les dadaïstes allemands, appelés « dadaïstes politiques »). Le dadaïsme de la « période parisienne » se caractérise par le déni général et le ridicule.
Marcel Duchamp a dit que ce qu'il crée n'est pas de l'art, n'a rien de commun avec l'activité artistique, mais c'est quelque chose qui les remplace et les réalise Caractéristiques: "Le fait que le ready-made soit considéré avec le même respect qu'une œuvre d'art signifie probablement que je n'ai pas réussi à résoudre le problème d'une rupture totale avec l'art."
Les dadaïstes combinaient en un seul acte, geste (dans le « soir » dadaïste) peinture - musique - récitation de poésie. Plus tard, la danse s'ajoute à cette triade ; Les dadaïstes eux-mêmes ont reconnu ici l’influence du concept synthétique. produit complexe« Vassily Kandinsky. En conséquence, une provocation artistique soigneusement calculée, un nihilisme politique digne d'un groupe militant (les activités des dadaïstes berlinois) et des bêtises apparemment douces, mais seulement plus destructrices, le déni de toutes les significations généralement acceptées, s'entremêlent.
Le dadaïsme est d'abord un mode de vie et ensuite seulement une pratique artistique (« Dada ne s'étudie pas, il faut le ressentir... Si tu es vivant, tu es dadaïste »). Les dadaïstes ont essayé de créer leur propre un monde parallèle, construit selon des lois logiques complètement différentes, offrant non seulement des formes inhabituelles pratique artistique, mais aussi l’engagement politique et les comportements esthétisés du quotidien. Ils cherchaient à remplacer tous les systèmes de pensée existants (« Les visions du monde suintent du bout des doigts de Dada, Dada est l’esprit qui danse sur la morale du monde »), rejetaient le monde « corrompu » qui les entourait et l’art moderne « corrompu » (« Le bourgeois, la carpe bien nourrie et le commerçant de bétail qui les dimanches achète des œuvres d'art pour 20 marks et continue avec succès son commerce criminel en semaine, Dada doit être tué, mis à mort, neutralisé à jamais. Dada rejette toutes les ambitions possibles, sauf une - universelle : une réorganisation complète du monde, la création d'un Dadaland total (« Un jour Dada équivaut à sept révolutions du globe » ; « Dada ne veut rien, Dada grandit »).
Le dadaïsme a posé les bases et les principes caractéristiques de la technique artistique moderniste :
1. désintégration : démembrement en parties et fragments de la réalité, à la suite de quoi la réalité perd son image et son sens intégral ;
2. installation Installation, insertion. ( Anglais) Dans l'histoire de la littérature, méthode de création de texte basée sur la connexion spontanée et arbitraire de coupures de journaux (puis de n'importe quel texte) entre elles, inventée par Tristan Tzara et poursuivie par les surréalistes. Dans les années 1950, William Burroughs, le « patriarche » de la littérature beatnik, s’est tourné vers la technique du « cut-up » et, dans les années 1960, il a étendu ce principe au travail avec des textes électroniques (sur bande). selon la « logique du hasard » – une articulation probabiliste et arbitraire de fragments disparates. Accident comme conséquence d'une rupture des connexions spatio-temporelles habituelles, d'un bouleversement de l'ordre mondial.
Ainsi, Tristan Tzara, lors de la création de ses « poèmes », découpait des morceaux d'articles de journaux en morceaux, qu'il mélangeait ensuite et recollait ensemble dans un ordre aléatoire. A cette technique du « montage » et du « collage » sont associés les « choses » (objets du quotidien exposés en exposition) des dadaïstes et des surréalistes et le « ready-made » de Marcel Duchamp. Les « prêts à l'emploi » sont des articles ordinaires produits en série, disposés et étiquetés de manière aléatoire (au hasard). Pour Duchamp, tout peut devenir un ready-made : les objets, les phrases, prénom. Par exemple, « Roue de vélo sur tabouret », inventée par Duchamp en 1913, ou « Fontaine » (1917) - un urinoir vertical. La signature sous le ready-made de Duchamp est « G.L. Mutt" - indique le nom du propriétaire du magasin de plomberie où cet urinoir a été acheté. Cette exposition scandaleuse a été envoyée à une exposition de sculptures à New York comme l'œuvre d'un certain artiste (en réalité inexistant) Richard Matt et a été rejetée par les organisateurs de l'exposition. On sait que Duchamp, par principe, n'a écrit aucun manifeste et n'a pas donné d'interviews. Duchamp ne possède authentiquement qu'un seul texte programmatique : une lettre ouverte au public américain consacrée à « Fountain » - « The Case of Richard Mutt » (1917) :
«Ils ont dit que tout artiste payant six dollars serait exposé dans l'exposition. M. Richard Matt a envoyé une fontaine à l'exposition. Sans aucune discussion, cet élément a disparu et n'a jamais été affiché. Quelles ont été les raisons du rejet de la fontaine de M. Matt ? 1. Certains disent que ce sujet était immoral et vulgaire. 2. D'autres pensent qu'il y a du plagiat - juste un appareil de plomberie. En général, c'est absurde : il n'y a rien d'immoral dans la fontaine de M. Matt, c'est-à-dire rien de plus que dans la baignoire. Voici une chose que l’on peut voir tous les jours dans la vitrine d’un magasin de plomberie. Que M. Matt ait fabriqué ou non cette fontaine de ses propres mains n'a pas d'importance. Il l'a CHOISI. Il a pris un objet ordinaire du quotidien et l'a placé à un endroit où sa signification habituelle a disparu derrière une nouvelle désignation et un nouveau point de vue est apparu - est apparu nouvelle idée cet objet. Quant à la plomberie, c'est généralement un non-sens. La seule chose que l’Amérique a inventée dans le domaine de l’art, c’est la plomberie et les ponts. »
Les œuvres des artistes Dada sont étranges, à première vue, des collages dénués de sens ou simplement des objets ménagers exposés comme objets d'exposition. Dans les tableaux de Max Ernst, l'un des fondateurs groupe allemand« Dada » dépeint une combinaison illogique de personnes et de choses (« Destruction des Innocents », « Empereur Ubu »). Francis Picabius se caractérise par des peintures rappelant des dessins techniques : « Child Carburetor », « Love Parade ». Les dadaïstes ont intensifié la fonction expressive de l'art. Ils croyaient que l'auteur et le spectateur étaient égaux, c'est-à-dire le domaine de l’interprétation des textes n’est pas en principe fermé. Selon Duchamp, seul le spectateur possède l'imagination de l'artiste. À l'avant-garde, c'est important concept, idée, pas une incarnation. Il est important que l'objet répliqué - une roue de vélo, une pelle, un urinoir, un sèche-bouteilles, etc. - n'acquière un caractère unique que lorsqu'il est séparé par la volonté de l'auteur du contexte quotidien traditionnellement inhérent à cet objet et devient un présentation d'une exposition. Production de masse du XXe siècle. - la chose devient impersonnelle, interchangeable ; une œuvre d'art unique - une reproduction reproductible à l'infini. Une chose standard incluse dans le domaine de l'œuvre d'art soulève de nombreux problèmes : le rapport entre le personnel et l'impersonnel, l'individuel et la masse, l'organique et le mécanique, l'unique et le sériel, la beauté et l'utilité. . À la suite des expériences dadaïstes, tout a changé de place : la masse est devenue unique et l'unique est devenu masse. La méthode dadaïste est une réduction à l'absurdité de toute déclaration, position ou fait, une violation de toute norme.
Méthodes dadaïstes de combinaison d'objets « ready-made » au milieu du XXe siècle. est devenu l’une des sources du « pop art ».
Dans les années 20 Le temps du dadaïsme touche à sa fin. En France, la plupart des dadaïstes évoluent vers le surréalisme, pour ensuite fusionner avec le surréalisme. En Allemagne, certains « dadaïstes politiques » se rapprochent de l’expressionnisme et ont déjà utilisé les techniques du dessin de rue dans des graphiques satiriques et du montage d’affiches politiques à de nouvelles fins. On a tendance à considérer Dada et le surréalisme comme deux étapes successives d’un même courant de pensée. Ainsi Breton écrivait-il à propos de Dada et du surréalisme : « Ces deux mouvements ne peuvent se comprendre que l’un par rapport à l’autre, comme deux vagues dont chacune alternativement recouvre l’autre. »